Website in English Site en français
Publicité

Publicité

La peur de l'avion

Pendant des millénaires, l’être humain est resté cloué au sol attiré par la gravité. Ce n’est qu’en 1890, avec Clément Ader, qu’il a commencé à entrevoir la possibilité de voler. Quelques décennies plus tard le transport aérien s’est démocratisé. Même si s’élever dans l’air dans un engin de plus 500 tonnes avec 600 passagers reste magique, cela est un peu exotique pour notre espèce. Dès lors, il est plus logique d’avoir peur en volant à 10 km d’altitude dans un cylindre de métal qu’en courant dans les pâquerettes.

Mais cette peur de l’avion, même si elle est bien réelle pour certains d’entre nous, n’en reste pas moins irrationnelle.

1. Faits statistiques

A320 dans les nuages Les constructeurs d’avions doivent satisfaire des exigences statistiques de sécurité imposées par les organisations internationales. Dans un avion moderne, la probabilité d’un scénario catastrophique (le genre de scénario conduisant au crash) ne doit pas être plus mauvaise que 1 chance sur 1 milliard. Un maximum de 100 scénarios de ce genre est autorisé sur un type d’avion donné. De plus, une panne simple ne doit pas conduire à un scénario catastrophique. Si un avion n’obéit pas à ces règles, il ne peut pas être certifié, et ne pourra donc pas effectuer de vols commerciaux.

En supposant que le temps de vol moyen d’un avion entre deux points est de 5 heures, la probabilité d’être victime d’un accident lors d’un vol est, en moyenne, de 1 sur 2 millions à chaque fois que l'on prend l'avion. Ou bien vous serez victime d'un crash toutes les 1000 années à bord d'un avion.

2. Avion ou voiture ?

En 5 ans (entre 2012 et 2017), 1910 personnes ont été tuées dans 80 accidents d’avion. Cela représente en moyenne 382 victimes par an dans 16 accidents aériens dans le monde entier.

Chaque année en France, environ 3500 personnes sont tuées sur les routes. Bien entendu, il y a plus de personnes utilisant une voiture chaque année que de passagers d’avions. Néanmoins, le risque d'accident quand on conduit sa voiture pour aller à l’aéroport est bien plus grand que celui d'un crash quand on prend l’avion. Mais au volant, nous nous sentons plus rassurés car nous avons l’impression de mieux maîtriser ce qui nous arrive que dans un avion.

3. Le pouvoir des médias

En lisant ou écoutant les médias, on aurait tendance à croire que les crash d’avions sont particulièrement fréquents pas rapport aux autres types d'accidents. En fait, les accidents d’avions ont 150 à 200 fois plus de chances de se retrouver en couverture des médias que les autres types d’accidents. En conséquence, les personnes qui avaient déjà peur développent une perception de l’avion encore plus mauvaise. Leur peur est alimentée par le bombardement continuel d’informations relatives à la sécurité aérienne après un accident.

4. Y a-t-il des compagnies aériennes plus sûres que d'autres ?

Oui. La probabilité d’être sur un vol qui aura un accident avec au moins une victime varie en fonction de la compagnie qui effectue ce vol.

Compagnies aériennes Probabilité d’être sur un vol qui aura un accident avec au moins une victime
Les 25 compagnies les plus sûres 1 sur 4.25 million
Les 25 compagnies les moins sûres 1 sur 386,000

Il y a deux raisons principales qui expliquent ces différences :

1 - Même si l'ensemble des compagnies aériennes doivent respecter les règles minima de sécurité imposées par l'OACI (Organisation de l'Aviation Civile Internationale), la supervision et le contrôle de l'application de ces règles sont confiés aux Autorités de l'Aviation Civile du pays dont la compagnie est originaire. Or l'expertise et l'organisation des Autorités locales varient d'un pays à l'autre. Les Autorités des autres pays n'ont qu'un droit de contrôle (pouvant conduire à des interdictions de vol). Mais tous les avions ne pouvant pas être contrôlés, les Autorités des autres pays font généralement confiance aux Autorités du pays de la compagnie. Vous pouvez vous rendre au chapitre détaillant les contrôles techniques mis en oeuvre par les Autorités sur les compagnies étrangères pour plus d'information.

Par exemple, si un avion russe atterrit à Paris (France), les Autorités françaises sont autorisées à le contrôler et à le stopper s’il ne respecte pas les minima de sécurité. Mais vu le nombre d'avions étrangers se posant en France chaque jour, très peu d'entre eux peuvent être controlés. L'avion russe aura donc bien peu de chance de croiser les Autorités françaises (DGAC - Direction Générale de l'Aviation Civile).


2 - Lorsqu’un avion est vendu à une compagnie aérienne, la compagnie reçoit du constructeur une liste d’actions nécessaires pour assurer de la sécurité de l’avion et des passagers tout au long de la vie de l’avion. Il y a par exemple, des visites régulières, une liste des équipements obligatoires et facultatifs, etc.

Certaines compagnies décident de rendre cette liste encore plus contraignante en y ajoutant des exigences supplémentaires qu’elles seules devront remplir. La sécurité de leurs avions s’en retrouve accrue, mais les coûts d’opération aussi.

D’autres compagnies n’ajoutent pas ces contraintes supplémentaires. La sécurité de leurs appareils est donc à son niveau minimum acceptable.


Il peut arriver qu’une compagnie aérienne manifeste des agissements dangereux ou des non-respects de la réglementation répétés. Si cette compagnie aérienne n’est pas interdite de vol par son autorité de tutelle, la commission européenne la placera sur sa liste noire.

Chaque pays dispose d'une Autorité de l'Aviation Civile surveillant et controlant les compagnies aériennes. En France, par exemple, c'est la DGAC (Direction Générale de l'Aviation Civile), qui dépend du ministère des transports. Quand l’Europe n’arrive pas à obtenir suffisamment de preuves qu'une Autorité de l’aviation civile fait correctement son travail de surveillance et de contrôle des compagnies de son pays, elle placera l’ensemble des compagnies aériennes de ce pays sur sa liste noire.

Le public est donc invité à consulter cette liste noire des compagnies aériennes avant de réserver son voyage.

5. Conclusion

En fonction du pays d’appartenance de l’avion, et en fonction de la politique de sécurité de la compagnie aérienne qui l’opère, le niveau de sécurité d'un vol peut varier. La plupart des compagnies aériennes satisfont aux minima de sécurité réglementaires et internationales. Parmi ces compagnies, certaines choisissent, en dépit des coûts supplémentaires, de rendre leurs avions encore plus sûrs en s’imposant des règles supplémentaires.

Il n’y a pas assez d’informations dans les médias concernant la sécurité aérienne. Et parce que les catastrophes aériennes sont plus spectaculaires donc plus rentables pour les médias, on les retrouve souvent mise en valeur dans nos journaux. Cela nous conduit à développer une opinion négative ou une peur accentuée de l’avion.

Même si l’avion de transport reste le moyen de transport le plus sûr, nous ne serons jamais en panne de créativité pour imaginer tous les scénarios catastrophes qui peuvent nous arriver à 10 000 mètres au-dessus du sol, et qui contribuerons à alimenter notre peur de manière irrationnelle.

Airbus A380
Airbus A380 en virage